Avec l’attaque de la base sous-marine de Lorient le 17 mars 1943, l’équipage de la forteresse volante B-17 Memphis Belle du 324th Bomb Squadron signe sa dernière mission en se posant sur la base de Bassingbourg au sud-ouest de la ville de Cambridge en Angleterre. Cet avion sera le premier bombardier lourd qui permettra à son équipage de revenir vivant après son Tour de vingt cinq missions. Le temps total en vol de ces 25 missions se monte à cent quarante-huit heures pour une charge de bombes de plus de soixante tonnes larguées sur l’ennemi.
Deux films ont été consacrés à son engagement : Un documentaire de 1944, d’une durée de quarante-cinq minutes, réalisé pour le Ministère de la Défense US par William Wyler, qui relate ses 25 missions et son vol de retour aux États-Unis. Le second, réalisé par Michael Caton-Jones, un film blockbuster sorti dans les salles en 1990. Sur ce dernier, relativement détaillé et fidèle aux réalités et conditions difficiles auxquelles les équipages de bombardiers américains étaient soumis pendant leur affectation dans les Bomber Wing. Une liberté du scénario, petite entorse à la réalité historique est néanmoins à relever : Elle se situe dans l’objectif désigné de la vingt-cinquième et dernière mission de ce film (qui en lieu et place de Lorient et de sa base sous-marine, verra désigner la ville de Brême et le bombardement des usines d’avions Focke-Wulf)… Une mission effectivement réalisée par le Memphis Belle et son équipage mais étant la vingt et unième dans sa l’ordre chronologique de ses missions…
L’escadrille du Memphis Belle a fait partie du 91th Bomb group, intégré lui-même au 1st combat bombardement wing de la huitième air force. Le code DF de ce groupe aérien est visible sur les flancs des empennages des B-17 et sur la queue de l’avion. (Il sera accompagné par un grand logo en forme de A dans un triangle après juin 1943). L’activité de ce groupe aérien débute en novembre 1942 et se concentre rapidement autour de missions visant à réduire la menace U-Boat par des bombardements de bases de sous-marins allemands construites le long du littoral atlantique français.
Autres cibles secondaires : Les bases aériennes de la Luftwaffe, des sites industriels et des nœuds ferroviaires afin d’affaiblir le potentiel de défense allemand. Ce groupe aérien recevra en mars 1943 une citation honorifique suite au bombardement de Hamm pour le formidable héroïsme des équipages engagés face à une forte opposition ennemie couplée à des conditions météo exécrables.
Le B-17 Flying Fortress Memphis Belle est un appareil de marque Boeing, modèle B-17-F-10-BO. Il porte le numéro de série 41-244585. Sa première mission sera le bombardement des installations sous-marines du port de Brest le 7 novembre 1942. Il effectuera au total vingt-cinq missions de bombardement, son équipage est de onze hommes en comprenant le mécanicien d’entretien au sol lui étant affecté. L’équipage de bord comprend 5 mitrailleurs de tourelles et sur les flancs de l’appareil. Un opérateur radio, un navigateur et un officier de bombardement et deux pilotes. Le Pilote commandant du Memphis Belle interprété par Matthew Modine est dans la réalité le Capitaine Robert K Morgan, né le 31 juillet 1918 à Asheville en Caroline du Nord. Son copilote est interprété par Daniel Sweeney dans le rôle du capitaine Jim Verinis. Billy Zane joue le rôle de l’officier de bombardement, Tate Donovan interprète l’officier navigateur en lieu et place du capitaine Charles B. Leighton. Le chanteur Harry Connick Jr. Interprète un des mitrailleurs de l’équipage….
Pour ce qui concerne les montres du film, on aperçoit au poignet de l’équipage différentes montres militaires vintage comme une Elgin a-11 hack-watch ou une Longines Weems 10L, un modèle généralement réservé aux pilotes des premiers temps de la guerre réalisé par le bureau américain de Longines Wittnauer de New-York. C’est une montre de navigation aérienne type Hack-Watch (synchronisable par action sur la couronne) munie d’une lunette tournante verrouillable par un système Weems breveté, qui consiste à verrouiller la rotation du disque de lunette par un écrou en forme de remontoir supplémentaire. Un dispositif situé généralement à quatre ou cinq heures sur le boitier de la montre. Une montre qui a équipé nombres de pilotes américains et britanniques engagés dans la deuxième guerre mondiale à bord de Mustang P51, Spitfire ou bombardiers B-17 ou Lancaster. Dans le cas des montres anglaises, Longines approvisionnait directement les montres à la royal Air Force sans passer par son agent Wittnauer.
Dans la lignées de production de guerre deux marchés d équipements horlogers sont ouvert par l'armée américaine et remportés par elgin et longines wittnauer pour le modèle A-11 et par waltham et bullova pour le marché A-17. Dès le début de son engagement dans la seconde guerre mondiale les USA ont besoin d’équiper les nombreux équipages de chasseurs et de bombardiers qui vont pilonner l’Allemagne, ses troupes d'occupation en Europe, et les forces japonaises en Asie. Le potentiel industriel de l'ennemi sera l'objectif prioritaire, le secondaire les villes et leurs industries.
Le marché des montres A-11, une montre de navigation de type hack-watch (ou stop seconde) qui permet par action sur le remontoir d’arrêter la course de l'aiguille des secondes afin de synchroniser à un top donné la montre avec les autres. (horloge de bord ou montres de coéquipiers) Une méthode utilisée par les officiers de groupe de bombardement pour se prémunir d'accidents dans les vol en formation box de forteresses volantes, (vol en formation resserrée à des altitudes différentes) et éviter de faire tomber sa bombe sur l'appareil ami volant derrière et en dessous. Pour les avions de chasse, la synchronisation du temps en vol permet l'engagement simultané de groupes ou d'escadrilles dans une attaque sur un objectif ennemi et sécuriser les trajectoires.
Autre spécificité de ces montres A-11 et A-17 à l attention essentiellement des équipages, les aiguilles sont peintes en lieu et place de l'utilisation de Radium luminescent: En effet les conditions de vol en bombardier étaient particulièrement agités. Le vol à haute altitude combiné à l'importante surface alaire des appareils (sans parler des explosions dues à la Flak) provoquaient d'importantes turbulences et vibrations qui avaient pour conséquence avec l'effet du temps de morceler le radium luminescent des cadrans de montres et éparpiller les débris à travers le cadran et l'axe central des montres pour gripper le mécanisme du mouvement... et arrêter la montre, qui devenait de fait inutilisable...mettant le pilote ou le membre d'équipage dans l'impossibilité de réaliser sa mission
Vous trouverez des détails supplémentaires et les spécificités complètes de ces montres de pilotes dans leurs fiches descriptives individuelles de l’univers des montres militaires et d’aviation du mostra-store.com.
Modèles A-11 et A-17, d’une génération postérieure à la Longines Weems 10L, ont profité de l’expérience acquise lors des premiers mois de la guerre et comportent des améliorations mécaniques notables qui leur permettent une plus grande régularité de fonctionnement et une meilleure résistance aux chocs et aux écarts de températures pendant les vols de haute altitude et les combats. La taille de ces montres reste modeste (28-24 mm) eu égard au manque chronique de matière première pendant la période de guerre (et également par soucis d’économie). L’utilisation de tels diamètres de boitiers perdurera néanmoins jusque dans le milieu des années cinquante, date à laquelle les premières montres de 36-38 mm finiront par s’imposer et continuer de faire évoluer cet instrument de bord amovible mais indispensable et porté fièrement au poignet par des pilotes . Un outil essentiel au pilote qui fait également figure de signe de reconnaissance dans la communauté de l'air