Au début des années cinquante, Rolex dispose d’une gamme Oyster cossue qui rime avec une vie bourgeoise et confortable. Les symboles du Luxe n’ont plus la même résonance dans un monde qui se reconstruit et qui a depuis longtemps trié un trait sur l’insouciante période des années trente. Rolex arrive à un tournant de son histoire, ses ventes stagnent, son image n’est plus aussi forte. à l’instar de ses concurrents qui, dopés par l’importante production de montres pendant la seconde guerre mondiale, comme Breitling, Longines, Omega et Waltham en sont sortis auréolés de prestige. Ses concurrents se sont aussi dotés d’une importante capacité de production. Leurs bureaux d’études et leurs lignes de fabrication ont subies d’innovantes modifications qui leur permet de produire de multiples modèles à destination d’utilisation professionnelles avec de multiples spécifications.
Avec une telle quantité de montres de pilotes, de marins ou d’artilleurs en circulation, le marché horloger de l’après-guerre ne sera plus celui qui des années trente. En effet la population dont une grande majorité a considéré la montre comme un symbole distinctif au même titre qu’un uniforme, considèrent qu’une montre doit être à l’image de celui qui la porte.
Le contexte de vie difficile dans la reconstruction des années cinquante va donc ériger le mythe romanesque de l’aventurier qui surpasse ses limites, et puisque la guerre a favorisé le développement des modes de transports : l’automobile, l’avion et les bateaux deviennent accessibles à un plus grand nombre.
Les années qui suivent voient s’élargir les frontières de l’accessible et les envies évoluent. Le voyage aérien devient aisé et transcontinental, la guerre sous marine a révélé que quelque chose existait sous la surface de la mer, et les nombreux récits de vétérans décrivent de multiples horizons à découvrir. C’est pour s’harmoniser à ces nouveaux décors qui donnent à tous le gout des voyages et de la découverte que Rolex va orienter ses recherches dans le but d’adapter sa gamme.
La Suisse est le pays du dicton : « évolution vaut mieux que révolution » et son industrie applique à la lettre cette règle. Rolex va opérer une transition de sa gamme Oyster Datejust très citadine vers un modèle de transition plus adapté à une utilisation hors cadre.
Comme toujours dans l’industrie horlogère, c’est au niveau du mouvement que nait l’impulsion originelle. Avec la conception du calibre 1012, d’une taille compacte pour laisser plus de latitude à son emploi, doté d’un double dispositif antichoc et d’un mécanisme 17 rubis plus robuste et facile à entretenir, Rolex va donner naissance à ce qui sera l’origine des modèles Explorer, Airking et GMT Master qui évolueront jusqu’au modèle phare : La Rolex Daytona.
Rolex Precision 6424, la transition vers les modèles éponymes.
Un boitier oriente l’utilisation de la montre et la boite de la 6424 sera particulière : Elle sera plus grande. Avec une taille de 36 mm alors que la majorité des Oyster sont de 34 mm, des entrecornes de 20 mm et une couronne vissée sans épaulement (comme la future gamme Explorer). Des entre-cornes non percées (comme la gamme Rolex actuelle) et un cadran de couleur vanille avec le logo Rolex en forme de Couronne à la place de l’index à douze heures. Un cadran de la couleur de la montre prototype jamais commercialisée et prêtée à l’explorateur Edmund Hillary pour son ascension du mont Everest en 1953. A noter l’apparition de l’indication d’origine « Swiss » sous le chemin de fer circulaire des secondes en bas du cadran.
L’ensemble permet de réaliser une montre néanmoins très fine avec un bracelet plus large qui fait évoluer le modèle Oyster Precision sans renier sa filiation raffinée. Le résultat est une montre élégante et moderne aux usages tout-terrains, une combinaison qui fait toujours recette depuis ce modèle, et qui est depuis gage d’engouement et de succès pour Rolex.
C’est donc à partir de ce modèle de transition produit en petite quantité que Rolex va développer et commercialiser ses futurs modèles à succès qui après les Submariner, Explorer, et Airking vont donner naissance aux futurs best sellers de la marque et dont les mythiques GMT Master et Daytona qui ne seront pas les derniers à s’appuyer sur la voie innovante et singulière tracée par la référence Rolex Oyster Precision 6424.