Officine Panerai la montre des premiers nageurs militaires de combats

Semper Modum Tempus, Semper Melior

« Toujours mesurer le temps, toujours être meilleur », une devise que Giovanni Panerai à fait sienne. Fondateur toscan de l’entreprise de négoce « l’Orologeria Svizzera » un magasin cossu de pendules, régulateurs et montres de poche adossée à un atelier de réparations.
Fidèle à la seconde partie de la devise, il va choisir à Florence, une des principales artères commerciales de la ville (elles étaient historiquement en Italie, situées sur les ponts), et préfère le pont « alle Grazie » qui surplombe la rivière Arno au « Ponte Vecchio », l’autre pont de la ville, plus spécialisé en textiles et épices.
Son entreprise va rapidement se développer et afin de répondre à une demande de plus en plus importante en horlogers qualifiés, Giovanni Panerai va y ouvrir une école d’horlogerie, ce qui va lui permettre, distribuant les marques Angelus, Rolex et Omega de commencer à concevoir ses propres modèles de régulateurs à variantes à base de calibres et pièces détachées de ces manufactures.

Fort de son succès et pour suivre l’évolution du commerce de centre-ville qui s’oriente vers une localisation au plus près du centre, il va sélectionner pour son « officine » un emplacement de choix localisé sur la Piazza San Giovanni, qui constitue le coté occidental de la prestigieuse plazza del Duomo.

Son entreprise va prospérer jusqu’à devenir un des fournisseurs de la Marine italienne qui va lui permettre de développer une des composantes de son succès et de sa notoriété : le Radiomir, qui avant d’être un modèle de montre était une substance luminescente à base de Radium, à propriété adhésive en milieu aquatique qui permet de rehausser un instrument de visée ou un dispositif optique et permettre son utilisation la nuit. Une invention moins inflammable que ses équivalents phosphorescents que l’on retrouve attachée par un brevet déposé en France par Panerai en mars 1916.

Vers la fin des années vingt et toujours en constante recherche d’améliorations, l’entreprise dirigée par Guido Panerai et son père, va réaliser les premiers boitiers étanches de sa gamme, suivant les avancées de Rolex, tout en conservant des bases et mécanismes de montres de poche dans les productions de régulateurs et horloges de Marine réservées à l’armée italienne. Une production expérimentale qui va déboucher en 1936 sur un modèle de montre bracelet étanche baptisé prototype Radiomir destiné aux premiers plongeurs de combats de la marine italienne. Pour ce modèle, il va utiliser un système d’attache de bracelet soudé au boitier de 47 mm de forme coussin, qui reste aujourd’hui encore, un des grands classiques de la marque et qui commence à être produit en série deux ans plus tard.

C’est le début d’une grande collaboration avec la Marine italienne, qui va voir l’entreprise appelée désormais « G.Panerai et figlio » (pour saluer l’arrivée de Guido le petit-fils du fondateur dans l’entreprise familiale), devenir l’artisan pionnier dans la fabrication de matériel de combat sous-marin à l’attention des troupes d’élites « Somozzatori » ou hommes torpilles du prince Valerio Borghese. Des unités de nageurs de combat qui vont s’illustrer dans l’attaque de la flotte britannique stationnée dans le port d’Alexandrie pendant la seconde guerre mondiale. A l’image des cadrans de bords, le cadran de la Radiomir panerai va gagner en visibilité en utilisant une structure « sandwich » de plaques métalliques superposées et ajourées pour un meilleur contraste en lecture des chiffres et des index luminescents, et fait évoluer en 1940, le boitier en lui donnant une structure plus massive, des fixations protégées par un carénage plus massif et une couronne de remontoir à pas et joints étanches en élargissant la base conique initiale du remontoir jusqu’à former un cylindre. La montre toujours dotée du solide et célèbre bracelet couleur havane de ses origines va disposer d’une boucle carrée qui sera reprise par de nombreux fabricants par la suite.

Au sortir de la guerre à la fin des années quarante et perfectionnant toujours ses modèles par un travail de recherches constant, L’officine Panerai va travailler sur le remplacement du Radium sur le cadran, jugé « sensible et radio-actif » et diriger ses efforts vers la mise au point d’une nouvelle substance composée de Tritium et d’hydrogène baptisée Luminor. Une innovation mise au point au milieu des années cinquante et employée de fait dans sa nouvelle gamme de montres de plongée Luminor Panerai, qui va également recevoir le protège couronne à molette si caractéristique de la marque.

Directement issu des dernières tendances qui associent une lunette de tournante indexée pour marquer les temps de plongée, Officine Panera va doter son modèle Egiziano commandée à 50 exemplaires par la Marine militaire égyptienne, d’une lunette tournante. Un dispositif qui va être repris l’année suivante par Rolex pour sa Submariner et bien d’autres. Cette montre qui est en 1956 la montre bracelet la plus grande du monde est doté d’un verre en plexiglas, d’aiguilles bâton en acier bleu et d’une lunette tournante indexée à crans qui entoure le cadran. Un compteur petite seconde indépendante hérité des années trente fait son retour à neuf heures. Le boitier en acier de soixante millimètres protège un mouvement calibre P 2002/7 réalisé par Panerai sur une ébauche de mouvement Angelus 240 avec une réserve de marche de huit jours.

 Dans les années soixante-dix, avec le décès de Guido Paneria, le dernier de la lignée des fondateurs à diriger l’Entreprise, Panerai reste un fabricant relativement peu connu du grand public. Dino Zei nouveau « commandatore » va élargir la gamme d’activités de « l’Officine Panerai S.r.L. » dont de nombreuses réalisations restent néanmoins toujours sous le voile du Secret imposé par l’Armée italienne, comme une montre de plongée pour gaucher. Sa formation d’ingénieur va lui permettre de faire développer de nombreux accessoires comme des manomètres de profondeurs, boussoles et torches sous-marines qu’il commercialisera à la Marine italienne.

Suite à un article du magazine japonais à grand tirage « TimeSpec » édité par Kesaharu Imai en 1992 et signé par Stephan Ciejka et Thierry Serna, La marque sort de l’ombre et l’année suivante, Officine Panerai devant une demande importante du marché va présenter une collection de trois montres réalisées en série limitée : Les Panerai Luminor, Luminor Marina et la Mare Nostrum qui reprennent les codes des modèles des années quarante rencontrent un très grand succès. Aussitôt ces montres d’un diamètre hors-normes pour l’époque apparaissent au poignet de nombreuses Stars comme Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone et auréole la collection « Pré-Vendôme » d’un caractère résolument viril. C’est le début d’une grande notoriété dans le monde de la collection et auprès du grand public. Le Groupe Richemont, (Vendôme Luxury Group aujourd’hui), possesseur de grandes manufactures horlogères comme Cartier, Vacheron Constantin, Montblanc, Baume & Mercier ou Piaget va acquérir à la barbe de Rolex ou de SMH (le Swatch Group de Nicolas Hayek) la pépite horlogère que constitue le département montres de l’Officine Panerai. Officine Panerai déplace sa nouvelle Manufacture à Neuchâtel, en Suisse et s’ouvre à une diffusion internationale avec une boutique à Hong-Kong, la mise à l’étude d’une nouvelle gamme « Manufacture » et l’ouverture à la distribution. L’année 2005 célèbre l’arrivée du premier mouvement de manufacture, le calibre P2002 fabriqué par Panerai et inspiré des mouvements Angelus dotant les montres Panerai de la seconde guerre mondiale affirmant s’il était besoin le caractère Nautique et technique de ses modèles.

Ce sera à partir de ce moment un retour aux sources avec la restauration de la boutique « historique » de la pizza del Duomo à Florence et une production de modèles GMT et de rééditions en séries limitées qui font aujourd’hui le bonheur d’amateurs et de collectionneurs.