Breitling: Histoire d'une Manufacture -2

Dans les années 70, Breitling, bousculé par de nombreux et prestigieux concurrents arrivés successivement sur les marchés de prédilection qui faisaient sa renommée, voit ses ventes et sa renommée fortement écornée.

La Rolex GMT Master et la Glycine Airman se révèlent comme de dangereux concurrents dans le domaine de l'aviation et Omega avec son chronographe Speedmaster, fort de son référencement par la NASA en tant que chronographe des missions Apollo relègue les modèles Breitling au second plan de l'actualité... et des ventes....

Breitling, dans un effort désespéré, fait un retour aux méthodes qui ont contribué à ses succès d'antan: La technique horlogère par l'inovation dans le mouvement et c'est par ce biais que Breitling, dans le début des années 70 pose un pied dans le cercle encore très fermé des fabricants de chronographes automatiques.

Avec l’emploi dans son nouveau modèle Navitimer du mouvement calibre 11 développé par le trio d’entreprises : Buren, Dépraz et Breitling,(le même mouvement qui sera utilisé dans la fameuse montre de Steve McQueen au Mans : La Heuer Monaco) Breitling va remanier sa gamme de montres et actualiser son image pour coller avec les standards esthétiques de ces années. Un remaniement en partie due à unes des dernières prise de décision de Willy Breitling d’investir dans une technologie de fabrication de microcomposants assistée par ordinateur qui va révolutionner la sphère horlogère.

En résulte un mouvement qui reste de conception très atypique de par la disposition de la masse oscillante sous le cadran, à l’opposé du fond de la boite (ce qui le rend invisible lorsque le boitier est ouvert)

Cette disposition au-delà du fait de lui faire ressembler à un mouvement de chronographe conventionnel permet à la montre de se protéger mieux des contraintes exercées par les effets cinétiques dues aux accélérations par un centrage de cette masse au milieu du boitier… une autre équation bien connue des pilotes….

Comme les modèles Heuer Monaco, ce mouvement automatique « Chronomatic » positionne le remontoir à gauche de la montre, car la manipulation du remontoir, si la montre est portée régulièrement, reste anecdotique.

La Nouvelle Breitling Navitimer sera dotée d’une date et ne comportera que deux compteurs, un compteur totalisant les minutes de zéro à trente positionné à trois heures et un autre étalonné en heures sur une échelle de douze. Le tout restant entourée d’une couronne amovible qui anime une règle à calcul comparable à celle de l’origine, bien que plus lisible par sa taille plus importante. Le tout, enchâssé à l’intérieur d’un nouveau boitier très « seventies » qui correspond aux évolutions esthétiques de l’époque.

La déferlante nipponne qui s’en suivit verra l’avènement du digital et du quartz qui va, un temps s’imposer comme le dispositif le plus précis et le plus à la mode. Breitling va concevoir juste après le modèle équipé du célèbre calibre 11 Chronomatic, un modèle animé par un mouvement à quartz, l’horlogerie suisse vivant une période noire qui la fait qualifier de véritable « Pearl Harbor » industriel.

Cette attaque que Bretiling n’aura malheureusement pas vu venir fera couler l’entreprise dont les décombres seront rachetés par l’entreprise allemande Sinn qui va acquérir en plus des stock de pièces détachées de la Navitimer les droits d’exploitation du modèle qui sera signé et produit dans sa version mécanique par la firme de Francfort-sur-le-Main, établie en 1961. Une entreprise fondée et dirigée par un autre passionné d’aviation, fournisseur officiel de l’armée de l’air Allemande, Helmut Sinn, à qui l’on doit le célèbre chronographe muni d’un mouvement à retour en vol qui équipe également la Bundeswher.

Le Temps de la renaissance de la Marque

En 1979, un autre volet de la saga Breitling est initié suite au rachat de la marque Breitling par Sicura. Son propriétaire, Ernest Schneider, un ancien militaire originaire de Fribourg va relancer la marque en renouant les liens avec le monde de l'aviation. Cette orientation obtiendra un succès commercial tant remarquable qu'il ré installera la marque dans le coeur de tous les passionnés de l'air.

Avec une série Spéciale dédiée à la patrouille militaire d'acrobaties aériennes Frecce Tricolori en 1984, la Marque initie une production inédite de différents modèles de montres en série ultra limitée qui porte les couleurs de grands évènements comme le championnat du monde de voltige aérienne au Havre en 1992 ou des séries un peu plus importantes comme les montres de Patrouilles aériennes militaires.

Chronographe Aerospace                    Old Navitimer                         Navitimer 2

Championnat du monde de Voltige           Patrouille de France                   Patrulla Aguilla

Avec la Navitimer Patrouille de France, le Chronomat Blue-Angels de L'US Navy ou la Navitimer 2 de la Patrulla Aguilla espagnole, Breitling renoue avec la communauté de l'Air et de l'espace.

C'est une période durant laquelle Breitling va connaitre son apogée. Il va s’en suivre un succès retentissant dans le microcosme horloger qui fera porter les différentes versions de Navitimer version Ernest Schneider par un très grand nombre d’amateurs et collectionneurs.

Ernest Schneider avait basé son entreprise à Granges en Suisse et il allait fortement s’appuyer sur La Navitimer pour développer une gamme de chronographes professionnels comme le Chronomat en 1984 à l’attention de la communauté aérienne ou L'Astromat 1461 dans lequel sera intégré un mouvement quantième perpétuel. Pour ce qui est des montres de plongée, la marque coopèrera avec Eric Tabarly pour concevoir un modèle de montre de plongée profonde sous atmosphère enrichie à l'hélium et développera grâce aux fruits des recherches réalisées par ses bureaux d'études La gamme Shark avec un modèle Quartz et un modèle doté d'un mouvement automatique.

En 1986, c'est au tour des gammes Old Navitimer date et Old Navitmer Cosmonaute de subir une remise à niveau : Abandon du Quartz, avec l'introduction du modèle 81600, puis l'année suivante un rééquilibrage total de la physionomie du cadran avec des compteurs qui se placent à 9, 12 et 6 heures avec la nouvelle référence 81610.

En 1992 Le chronographe Navitimer évolue et est rebaptisé Navitimer 2. Un modèle de taille plus modeste mais totalement re-pensé : La glace pivotante de la lunette du modèle Old Navitimer n'offrant pas les services d'étanchéité dont les utilisateurs seraient en droit d'attendre à cette époque sera redessinée et offrira une meilleure résistance à l'eau. Autre modification inédite : un tachymètre, un pulsomètre et un télémètre sont intégrés à la règle à calcul circulaire de la lunette tournante. Enfin un nouveau mouvement équipera ces nouvelles éditions Navitimer dans des versions Cosmonautes graduées en 24h et des éditions aviation en cadran 12h en hommages aux modèles des années 60.

L'année 1995 voit arriver une montre avec une fonction jamais vue auparavant : Une balise de détresse intégrée, capable d'envoyer un signal d'alerte émise sur la fréquence 121,5 MHz ou 243 MHz pour la version militaire. L'intégration de l’émetteur et l'antenne de la radio-balise sont développés en coopération avec Dassault Aviation. Véritable outil de signal de détresse, les utilisateurs sont tenus de s'enregistrer auprès des autorités. Le signal est détectable dans un rayon de 167 Km par un avion volant à 6000 m d'altitude.

Malgré l'abandon de cette fréquence par le système de satellite Cospas-Sarsat pour une autre gamme de fréquences en 2008, La fréquence 121,5 reste toujours scannée par les contrôleurs aériens et par les avions équipés d'une VHF. Ayant été la première montre dotée d'un tel dispositif, elle est collectionnée par de nombreux amateurs de montres et d'aviation.