Dirty dozen Les montres militaires de churchill
Nommé Ministre de l’armement en juillet 1917 , Winston Churchill prendra conscience bien avant les heures sombres de la seconde guerre mondiale de l’importance de la standardisation du matériel utilisé par les militaires pendant les batailles. Lors de la première guerre mondiale, les armées alliées n’ont pas le même armement, rendant l’approvisionnement en munitions et la maintenance des armes délicate, Churchill sera aux premières loges pour constater que combler les carences, de nombreux soldats rejoignent le front avec leur matériel personnel, ce qui entraîne sur le terrain confusion, approximation et parfois… désastre.
Lors d’une réunion avec ses collaborateurs qui a pour objectif de passer en revue les évènements d’une bataille particulièrement meurtrière pour le corps expéditionnaire britannique, il va prendre conscience de l’importance de disposer de l’heure exacte pour un soldat et de pouvoir synchroniser précisément la montre des chefs de groupes pendant une offensive. En effet, la raison de ce taux de pertes tellement élevé était la conséquence directe de l’impossibilité de coordonner précisément les attaques sur la ligne de front, les vagues d’assaillants tombant les unes après les autres sous les balles ennemies, alors qu’une attaque coordonnée aurait certainement eu raison de la position ennemie… c’est le premier des éléments qui conduira Winston Churchill à concevoir la fameuse war’s wrist watch et le symbole www qui ornera le boitiers de ses 25 000 fameuses dirty dozen.
Très tôt avant la deuxième guerre mondiale, et sous l’œil bienveillant de Winston Churchill, l’empire britannique va faire produire par une douzaine de fabricants (afin de sécuriser la production par la multiplication des sources de production) une montre de combat aux standard modernes qui aura l’ambition de permettre aux soldats du Commonwealth de disposer d’un instrument de mesure du temps synchronisable, moderne et performant, solide et fiable, facile a entretenir, facile à utiliser au combat, le tout à un prix compatible avec une économie de guerre…
Pour les spécifications de ces montres militaires, le cahier des charges est ambitieux pour l'époque, toutes les montres sont dotées d'un cadran à fond noir, indexé avec des chiffres luminescents, disposés autour d'un chemin de fer circulaire en douze heures, et un cadran petite seconde indépendant situé à six heures qui permettra de constater que la montre fonctionne. Le mouvement est de type hack-watch (ou stop seconde) afin de se synchroniser avec un top horaire ou un dispositif de référence. points lumineux heure minute sur le chemin de fer horaire. toutes les montres dirty-dozen doivent êtres équipées d'un mouvement à remontage manuel doté de 15 rubis minimum résistant aux chocs. Les mouvements doivent respecter la taille comprise entre 11.75 et 13 lignes de diamètre avec des performances proches des chronomètres. le verre plexiglas doit protéger la montre et toutes les dirty dozen doivent résister convenablement aux projections d'eau et de poussière pour les standard de l'époque. La couronne de remontoir doit pouvoir être manipulée avec des gants. Elles doivent êtres gravées du broad arrow (afin de marquer la propriété de la couronne britannique) porter la mention W.W.W et les deux numéros de série, le premier civil et le second militaire précédé de la lettre correspondante au code fabricant. Les attaches bracelet doivent êtres fixes et la largeur d'entre-cornes d'une largeur de 18 mm. Le boitier doit être à fond vissé simple à ouvrir et entretenir.
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Ces douze manufactures seront répertoriées avec un code alphabétique qui correspond plus à une source d’approvisionnement qu’un fabricant en tant que tel sera frappé sur le fond de boite avant le numéro de série de la montre, en dessous du broad-arrow et de la mention W.W.W suivi de la lettre qui désigne le fabricant et du numéro d’inventaire de la montre dans les stocks britanniques. Il est à noter que ce numéro dit « de matricule » répond à la même caractéristique que ceux de la plupart des autres dirty dozen W.W.W. : en soustrayant le numéro de matricule (après la lettre code fabricant) au numéro de série civil qui se trouve généralement en dessous, on obtient toujours un même nombre. Pour la Dirty Dozen Cyma, le numéro que l’on obtient est 5000, pour Longines, il s’agit du chiffre 3724.
La lettre code fabricant A sera attribuée uniquement à vertex qui fabriquera 15000 montres militaires de 35 mm dotés du calibre Vertex 59. Ces montres seront fabriquées vers la fin de la guerre entre 1944 et 1945 et seront affectées majoritairement aux forces britanniques du Commonwealth stationnées dans l'océan indien. Ces forces qui combattirent les forces japonaises sur le front pacifique seront dotées généreusement puisque la pression des combats sur le théâtre européen vers le début de 1945 va s’atténuer. Après la guerre, nombre de ces montres resteront dans ces régions et seront léguées aux forces de police ou militaires des protectorats ou comptoirs, Puisque nombre d’entre-eux changeront de statut vis à vis de la grande Bretagne et tendent à se diriger vers une autonomie partielle ou totale. (comme ce fut le cas de l'Inde, de singapour ou de la ville de hong-kong)
Pour Jaeger Lecoultre, qui va fabriquer près de 6000 montres de dirty-dozen à base de mouvement calibre JLC-479, cette version bénéficiera d’une des meilleures finitions de la série. Le boitier en acier chromé fut très apprécié par les militaires, en particulier pour sa résistance à la poussière et la tolérance à l’humidité. D’autre part, les aiguilles cathédrales, très aux standards militaires traditionnels de l’époque vont contribuer à la faire sortir du lot, et tout naturellement la réserver aux officiers de sa gracieuse majesté. Pour la codification et les marquages, la dirty dozen jaeger lecoultre va recevoir le code d’approvisionnement F (comme Longines) et il est à préciser que ce sera la seule des dirty-dozen qui devra se doter d’un bracelet de 17 mm de largeur, toutes les autres étant d’une largeur à l’entre-corne de 18 mm.
Fabriquées toutes deux à vingt-cinq mille exemplaires les montres militaires dirty-dozen omega et record représentent les modèles fabriqués au plus grand nombre d’exemplaires, le modèle omega dirty-dozen est une montre en acier de trente-cinq millimètres de diamètre, avec une largeur d’entre-cornes de 18 mm. Le code utilisé pour classer ce modèle est la lettre Y et son matricule d’inventaire est le numéro VB 10033, après la guerre, ce modèle sera renuméroté en codification OTAN : 99-445-2031 dans les stocks de l’armée britannique. La dirty dozen Omega est dotée d’un mouvement calibre omega 30T2, les aiguilles sont en forme de glaives.
Pour le modèle record, également très répandu dans les unités de combat en europe, ce modèle fabriqué dans les premières heures de la seconde guerre mondiale va se révéler particulièrement apprécié par sa grande tolérance aux chocs et sa lisibilité dans l’obscurité. Doté d’un mouvement fiable calibre 022K et d’aiguilles bâton, son boitier en acier chromé de 36,5 mm de diamètre résiste extrêmement bien aux chocs et son remontoir sur dimensionné se manipule très facilement avec tout gant ou protection quelconque. La dirty dozen Record porte la lettre L, son code inventaire est le VB 10034 et sera utilisée tout au long de la guerre et même ensuite, à cette occasion, elle entrera dans les stocks OTAN de l’après-guerre avec le nouveau code inventaire NATO-99-445-9830.
Pour Longines et son modèle de dirty-dozen- watch fabriqué à 8000 exemplaires le même code fabricant que pour Jaeger Lecoultre sera utilisé : la lettre F, mais le code inventaire diffère, pour la Longines ce code sera le VB 100032, Cette montre souvent restée sur le théâtre européen est également dotée d’aiguilles cathédrale. (ou ailes de mouche)Son mouvement est un calibre Longines 12.68Z protégé par un boitier en acier de 38 mm de diamètre et équipé d’un bracelet de 18 mm souvent en lanière de cuir.
La dirty dozen Timor dotée d’un calibre 6060, d’un boitier en acier de 36,5 mm et d’aiguilles cathédrales, sera produite à 13 000 exemplaires, on la retrouvera essentiellement en afrique, en australie et au sein des forces armées canadiennes. Elle porte la lettre distinctive K et son numéro dans les stocks inventaires est le VB 10036.
Buren fabriquera environ 11 000 dirty-dozen au milieu de la guerre, ces montres frappés du code H sont répertoriées VB 10026, le mouvement qui les anime est le calibre Buren B-462, le boitier est d’une largeur aux entrecornes de 18 mm pour une largeur de boitier de 36,5 mm (diamètre). En ce qui concerne leur affectation, ont les retrouve souvent sur les photos d'archives des troupes britanniques stationnées autour de la méditerranée, à Malte par exemple ou à Chypre, Gibraltar et en Egypte
Pour la marque IWC située à Schaffhausen, une Dirty Dozen sera produite avant la guerre en petite quantité (5000 exemplaires) cette montre assez rare et de bonne qualité générale ne sera pas produite dans les quantités attendues, compte tenu de la grosse quantité de montres qu'IWC va produire à destination de l'armée allemande et des problèmes de livraison dû à la situation géographique du site de production, (a noter que la ville de Schaffhausen fut le seul point du territoire suisse à être bombardé par les alliés...) Cette dirty-dozen IWC est dotée d'un calibre 83, d'un boitier de 35 mm en acier code lettre M, une montre qui après la guerre prendra la codification otan 99-445-5890 (codes inventaire VB 10028)
Autre manufacture au grand renom qui contribuera à l'effort de guerre en produisant un modèle de la série des montres militaires Dirty-dozen est Lemania, célèbre pour la qualité de ses mouvements chronographes et pour le sérieux de ses réalisations mécaniques. Lemania va produire 10 000 Dirty-dozen d'un diamètre de 36,5 mm avec un boitier en acier chromé, un fond vissé frappé de la lettre Q (référence inventaire VB 10031) toutes dotées du calibre LW-27A, particulièrement solide et facile à entretenir.
Les deux fabricants restants pour clôturer l'inventaire des fameuses montres militaires Dirty-Dozen sont Eterna et Grana, le premier, Eterna, une manufacture célèbre pour ses modèles chronographes civils va produire au début de la guerre environ 5000 montres Dirty-Dozen, avec un mouvement calibre 520, un boitier en acier de très belle qualité d'un diamètre de 36 mm. la lettre qui précède le numéro de matricule est le P (comme Cyma) son code inventaire est VB-10027, avec Grana qui produira moins de 5000 Dirty-dozen (boitier acier 35 mm, mouvement calibre KF320, code lettre M et code inventaire VB 10029), ces deux éditions restent les plus rares et paradoxalement ne sont pas les plus cotées ou recherchées, leur utilisation lors de la seconde guerre mondiale étant anecdotique ou exclusivement réservée à l'Angleterre essentiellement pour des raisons de maintenance et de disponibilité de pièces détachées.
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