C’est dans l’Antiquité que remontent les premiers travaux sous-marins connus : des recherches par des plongeurs en apnée afin de récupérer des objets de valeurs sur des épaves (dont l’initiative est attribuée au roi Xerxes) ou le renflouement de navires et l’édification de travaux portuaires par les plongeurs d’Alexandre le Grand équipés de cloches de plongée. Ces incursions dans les fonds marins ont forgé la légende et les mystères qui entourent la plongée sous-marine. Un monde mystérieux, pour certains inquiétant et dont les profondeurs constituent une des rares frontières qui résiste encore à l’homme. Pas d’autre solution que le progrès technique pour faire reculer cette frontière : l’homme n’y est pas dans son élément et c’est au fil du temps que l’innovation va permettre aux hommes d’explorer ce monde si près de lui et à la fois si difficile à conquérir.
C’est le vingtième siècle qui va favoriser un grand bond en avant : dès 1945, après les hommes scaphandre du prince Valerio Borghese, nageurs de combats équipés de Panerai pendant la seconde guerre mondiale, que Air Liquide fonde la Spirotechnique et commercialise le prototype CG-45 (Cousteau-Gagnan 1945), dans les années cinquante Georges Beuchat lance la première combinaison isotherme et en 1955 les français Jean Bronnec et Raymond Gauthier déposent un brevet de détendeur « deux étages » dénommé Cristal et commercialisé en 1957 par l’entreprise US. Divers, une filiale d’Air Liquide.
Mais l’ivresse des profondeurs expérimentés par de nombreux plongeurs « air comprimé » au travers des multiples incursions au-delà des soixante mètres et les dysfonctionnements des équipements dû aux grandes pressions limitent la progression et le travail sous-marin.
A cette époque, de nombreux fabricants de montres proposent diverses solutions à l’attention des plongeurs : Panerai et ses Luminor, Blancpain et sa Fifty-Fathom, Rolex, la Submariner. Mais pour travailler en profondeur et reculer la limite des 1000 fts ou 300 mètres les manufactures renforcent les boitiers, inventent des dispositifs qui étanchéifient la couronne et utilisent des boitiers mono corps à l’image d’Omega avec sa Seamaster 600 PloPro utilisée par divers plongeurs de la Comex. Un problème se pose : avec l’arrivée de la plongée très profonde avec des mélanges gazeux de type hélium dans les bathyscaphes, cette solution atteint ses limites. Il faut à nouveau inventer.
En effet les molécules d’hélium sont tellement fines qu’elles seraient capables de pénétrer l’étanchéité d’une montre de plongée conventionnelle telle que la Submariner et lors de la décompression consécutive à une plongée de « décapsuler la montre » par effet de dilatation pendant le retour à une pression de surface…. Doxa et Rolex vont donc mettre en chantier, pratiquement au même moment une solution basée sur le concept d’une valve à ressort à circulation de fluide « intérieur du boitier » vers l’extérieur qui va permettre de résoudre cette équation. Cette solution chez Rolex se manifeste par une valve à ressort avec un sens de circulation unique qui déclenche l’ouverture du dispositif pour libérer le gaz détendu dans le boitier dès que la pression à l’intérieur passe les trois Bars. Afin de ne pas dénaturer l’étanchéité de la montre. Une solution qui sera dévolue à la Rolex Sea-Dweller.
Éditée en 1967, le catalogue des montres Rolex de cette année fait figurer la sea-dweller comme une nouvelle montre bracelet et la présente présentée comme le plus formidable outil à l’usage des plongeurs professionnels. Cette montre sera commercialisée en 1971 après un certain nombre de retards dus à la mise au point de la Valve à Hélium.
Ayant depuis gagné ses galons de « best of the pack « pour avoir largement contribué au succès des missions dans les grands fonds en équipant par exemple les plongeurs de la Comex ou de nombreuses unités militaires, La Sea-dweller dont la production reste modeste, garde une place particulière dans toute collection.
Depuis le modèle sea-dweller 1665 d’origine étanche à 2000 Pieds ou 610 mètres prévue pour accompagner les plongeurs dans un Bathyscaphe jusqu’à la Sea Dweller Deep-Sea référence 116660 certifiée chronomètre et étanche à 12800 pieds dont un modèle est surnommé James Cameron, La SeaDweller restera la montre de plongée préférée des professionnels des milieux aquatiques. Mais depuis son origine, la célèbre valve à hélium brevetée sous la désignation Helium escape Valve va subir de nombreuses évolutions :
Dans sa version originelle pour la Rolex sea-dweller 1665, la valve prend l’aspect d’une tête d’épingle et une indication circulaire gravée au dos du fond du boitier du premier modèle de sea-dweller mentionne Rolex Patented Oyster Gas Escape Valve. En 1980 avec l’arrivée de la sea-dweller 16660 (triple six) la Sea-Dweller reçoit une valve type 2, plus résistante, plus évoluée, d’un diamètre plus important et dont l’entretien pose moins de difficultés pour changer les joints toriques qui assurent son étanchéité. Une architecture qui reste aujourd’hui toujours de circonstance et qui équipe les nouveaux modèles de sea-dweller 12660 comme sa variante « Deep-Sea » 116660 certifiée chronomètre et étanche à 12800 pieds dont un modèle est surnommé James Cameron.
Un surnom remarquable et évocateur pour tout passionné de plongée que ce modèle a gagné pour avoir accompagné James Cameron dans le sous-marin Deepsea Challenger le 26 mars 2012 afin d’établir le record de plongée profonde en solitaire dans un sous-marin à 10 898 m de profondeur sous le niveau de la mer.