C’est dans les années cinquante, et à l’apogée de sa gloire, que la compagnie aérienne la plus puissante du monde de l'époque, la Pan Am, décide de répondre à la concurrence émergente des autres compagnies sur le thème du modernisme, de la technicité et du prestige. Après avoir fait évoluer son nom qui passe de Pan American Airways à Pan American World Airways au début des années 50 afin de signifier sa volonté de conquête, c’est sur les domaines du luxe et de la sécurité que la compagnie va matérialiser sa transformation. Pour ce faire, elle va jouer sur les deux axes majeurs de son ADN, les avions et les équipages.
Le monde d’après guerre demande plus de vitesse, plus de sécurité et plus de confort, elle va y répondre en remplaçant sa flotte de Douglas DC6 et Lockheed Constellation par une nouvelle gamme d’avions: En 1954, Le Boeing 707 réalise son premier vol d’essai, anticipant l’augmentation de la demande pour des vols intercontinentaux Pan AM demandera à Boeing d’augmenter la capacité du quadriréacteur et passera la commande la plus importante de son histoire. Mais la transformation doit aussi avoir valeur de symbole et c’est sur ses plus visibles ambassadeurs que Pan Am va apporter une touche de luxe et de prestige.
Elle va fournir à ses équipages de pilotes un nouvel uniforme, moins militaire et plus luxueux et le doter d’une touche inédite qui caractérisera le prestige et de luxe de la compagnie.
Une idée de génie attribuée à Juan T. Trippe, son fondateur, qui souhaite mettre en avant le luxe auquel ont droit les passagers, le meilleur matériel, la sécurité et il souhaite également, mettre en avant les couleurs du drapeau américain qui, dans l’inconscient collectif de l’après guerre représente un des plus forts symboles de puissance. Cet objet aura fonction de sauter aux yeux de tous les passagers lors de l’embarquement dans l’avion et à cette occasion, un des deux pilotes sera chargé de les accueillir sur le pas de la porte, entouré de ravissantes hôtesses. Cette idée de génie est une nouvelle montre Rolex fabriquée exclusivement pour la PAN AM à cette occasion. Le cahier des charges technique de la compagnie stipule une aiguille horaire supplémentaire qui va permettre d’afficher à la montre l’heure exacte dans deux endroits du globe, un mouvement moderne précis et performant, un guichet date, un cadran blanc et une lunette tournante bleue et rouge. La GMT Master est née et elle arbore de fait, les couleurs du drapeau américain. Une montre chronomètre GMT de prestige, très visible sur un uniforme chemise blanche manches courtes et qui va être instantanément adopté par les équipages, il deviendra indissociable de leur standing et de leur renommée parmi les passagers du monde entier.
La GMT Master, baptisée ainsi en référence au « Greenwich Mean Time » recevra la référence Rolex 6542, sera dotée d’une lunette tournante en bakélite qui sera graduée en 24 heures. Pour l’aiguille horaire supplémentaire une aiguille rouge marquera en fonction du lieu de destination ou d’arrivée l’heure selon le fuseau horaire sélectionné. Enfin le fond du boîtier sera frappé du logo de la Pan AM. Object mythique attirant déjà toutes les convoitises, Rolex la commercialisera en 1955 en petites quantités avant de produire en 1959 et jusqu’en 1980, la référence 1675 avec un cadran noir et une lunette tournante métallique. Cette GMT master débute sa carrière avec une bonne longueur d’avance vis à vis de ses concurrents : Elle évoque au début des années soixante, l’accès aux voyages et est assimilée au cercle fermé des riches hommes d’affaires et de la Jetset.
L’image que donne la GMT Master bleue et rouge « aux couleurs de l’Amérique » à celui qui la possède est tellement forte, qu’à cette occasion inédite, elle va s’afficher effrontément au poignet de « Pussy Galore » l’emblématique James Bond Girl des sixties, et assister 007, alias Sean Connery dans Goldfinger.
Un fait doublement remarquable pour cette époque qui consiste premièrement à faire porter une montre d’homme à Honor Blackman (alias Pussy Galore, chef pilote du Pussy Galore Flying Circus) et à utiliser la Rolex GMT Master « Pointed Guard » pour renforcer la dimension femme d’action sensuelle et puissante du personnage qui arbore sa Rolex GMT Master 1675 au même titre qu’un trophée parmi ses équipières du « Pussy Galore’s Flying Circus. Une méthode subliminale comparable au couteau de plongée accroché à la sulfureuse tenue de bain d’Ursula Andress dans « James Bond 007 contre Dr. No).
Le résultat sera sans appel : Honor Blackman incarne instantanément l’icône sexy des sixties qui débarrassée de son coté « potiche » grâce à sa montre « Pepsi-Globe-Trotteur» n’est plus uniquement perçue comme une ravissante blonde sexy mais également comme l’alter égo envoutant et pétillant de James Bond dans l’aventure… Un des éléments qui explique le fort magnétisme exercé par cette montre sur les hommes et les femmes.
Forte de ce succès, la GMT Master 1675 va conquérir les unes des magazines associée à des célébrités de tous bords, avec par exemple l’astronaute Jack Swigert de la mission Apollo 13 dans Time Magazine et devenir un symbole de succès. Elle va évoluer et se parer plusieurs inserts et plusieurs cadrans : insert Marron à chiffres dorés pour la 1675 « Root-Beer » ou cadran noir et lunette noire pour la « Black-Guilt », index Tritium « Maxi Dial » pour le modèle fabriqué en 1978, les bracelets vont également donner lieu, pour la première fois chez Rolex à diversité: bracelet Oyster 78360 ou Jubilé 62510, ce dernier remportant la préférence des marchés du continent américain.
Pour la partie mécanique, le calibre Rolex 1036 à 18 000 alternances par heure sera utilisé à l’origine entre 1954 et 1959, puis remplacé par le mouvement Rolex 1065 et 1066 de 1957 à 1959 pour la référence Rolex GMT Master 6542 Pan Am et son alter égo civil.
En 1959, au lancement de la Rolex GMT Master 1675, c’est avec le mouvement Rolex 1565 que la montre débute sa carrière, ce mouvement, un peu plus précis que le précédent fait battre le coeur de la montre à 19600 alternances par heure, un calibre qui en 1971 va disposer de la fonction « Stop-Seconde » qui consiste à pouvoir stopper le défilement de l’aiguille des secondes lors du réglage de l’heure par action sur le remontoir, (une fonctionnalité très appréciée des pilotes ou par tous ceux qui souhaitent synchroniser précisément leur montre à un top horaire spécifique, à la montre d’un équipier ou encore à une montre de bord)